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28. octobre 2022

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Le triangle de la politique énergétique

La population comme l’économie ne peut se passer d’énergie. Si la première l’utilise essentiellement pour se chauffer et se déplacer, la deuxième en a besoin pour produire, transporter des biens et fournir des services. En Europe, le confort et la prospérité sont largement dus à la disponibilité d’agents énergétiques bon marché, jusqu’à présent principalement fossiles. Le prix monétaire de l’énergie fossile est, depuis longtemps, nettement inférieur à ses coûts écologiques et politiques à l’échelle mondiale.

En Suisse, on aime rappeler qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Cette maxime un peu désuète illustre simplement le fait qu’on ne peut pas tout avoir, et qu’il faut toujours finir par se décider entre deux options: le beurre, ou bien l’argent pour le payer. Renoncer n’est pourtant pas très populaire, et on préfère laisser les autres payer à notre place. De nos jours, on parle plutôt de solutions où toutes les parties sont gagnantes. Chacun garde son argent et personne n’a besoin de se priver.

Malheureusement, notre fameux dicton confirme régulièrement sa pertinence, car les situations où tout le monde semble gagnant sont souvent des pièges. L’énergie ne fait pas exception à la règle. Il existe un triangle de la politique énergétique, dont les pointes s’intitulent «prix», «disponibilité» et «durabilité». La surface de ce triangle reste courte et égale à moyen terme. La modification d’un angle influence cependant au moins l’un des deux autres. Si l’énergie doit être durable, sa disponibilité diminue et son prix augmente. Le scénario dans lequel nous disposons d’une énergie durable et disponible de manière redondante à un faible prix n’est encore pas prêt de se réaliser.

Cet hiver, et même au-delà, nous ferons l’amère expérience de l’inexistence d’une situation prochaine où tout le monde gagne sur le terrain de l’économie énergétique. La crise énergétique actuelle peut en revanche contribuer à voir évoluer les prix au profit du développement durable, et s’améliorer à moyen terme la disponibilité des agents énergétiques sans CO2 ou du moins neutres en la matière. Pour que cela soit possible, les luttes de tranchées idéologiques doivent cesser en Suisse. Nous devons miser sur tous les agents énergétiques durables, car nous aurons besoin de chacun d’entre eux.

Pour que la disponibilité augmente dans le triangle de la politique énergétique, des investissements considérables sont nécessaires. Les prix de l’énergie s’en ressentiront et, à court terme aussi, l’aspect durable, qui diminuera. Nous allons devoir exploiter toutes les solutions, en Suisse et à l’étranger, depuis le photovoltaïque jusqu’aux gaz renouvelables ou à l’utilisation de chaleur résiduelle, en passant par les éoliennes et la production hydroélectrique. À court et moyen terme, nous n’allons pas pouvoir nous passer des agents énergétiques fossiles. À long terme en revanche, le passage complet à des énergies renouvelables et climatiquement neutres (une notion qui doit encore être définie) à un prix raisonnable est possible.

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