Investissements qui en valent la peine

Les infrastructures hydrauliques sont des ouvrages d’art très anciens. Les premiers aqueducs ont été réalisés il y a plus de 3000 ans (Babylone, Assyrie, Egypte). Aujourd’hui, les réseaux de distribution d’eau potable constituent un énorme atout dans notre société, qui dépend d’un approvisionnement en eau fiable et de qualité irréprochable. La valeur de remplacement de ces infrastructures s’élève à des centaines de millions de francs pour une ville comme Lausanne p. ex. Le renouvellement d’un réseau est primordial pour le maintien d’un approvisionnement en eau performant.

Aitor Ibarrola

Un réseau dont le taux de renouvellement n’est pas suffisant devient vétuste. De nombreux problèmes en découlent:
– Le nombre de défaillances (dégâts, perturbations diverses, coupures d’eau) augmente.
– Les pertes d’eau deviennent plus importantes.
– La qualité de l’eau distribuée se dégrade dans les conduites.

Pour gérer efficacement ce patrimoine, il est nécessaire de planifier et systématiser la maintenance et le renouvellement des réseaux. L’objectif est d’éviter des coûts futurs disproportionnés. Par conséquent, non seulement les réseaux doivent être régulièrement entretenus, mais les canalisations qui les constituent doivent être remplacées au meilleur moment possible.

Une méthode générale de diagnostic de l’état des conduites, MEDIREL (MEthode de DIagnostic du Réseau d’Eau de Lausanne; voir article de C. Sanz et al, Aqua & Gas 4/2016, pp. 32-36), a été développée à Lausanne, et est utilisée systématiquement pour identifier précisément les tronçons de canalisations à risque. Cette méthode permet de calculer une prévision de défaillances pour chaque conduite, à l’aide d’une méthode statistique qui prend en compte les caractéristiques des canalisations et leur historique. Cette prévision intervient ensuite dans une analyse multicritères – interruptions de service critiques, coût annuel des réparations, dégâts aux tiers, perturbations du trafic, importance hydraulique, dimensionnement, etc. – qui permet d’identifier les conduites à privilégier dans le cadre des programmes annuels de rénovation du réseau. Cette méthode est complétée avec une recherche active des fuites sur le réseau d’eau potable.
Les indicateurs qui permettent de suivre l’état d’un réseau montrent clairement les effets positifs de cette stratégie: p. ex., le taux de fuite a sensiblement diminué dans le courant des années 2000 pour se stabiliser à environ 6% ces dernières années, et le nombre de casses par année est passé de 113 casses en 2005 à 86 casses en 2017.

Ces résultats nous encouragent à poursuivre avec cette méthode, à enrichir la base de données, à imaginer une stratégie sur le long terme, et à développer une méthode similaire pour le réseau d’évacuation, baptisée MEDIREV (MEthode de DIagnostic du Réseau d’EVacuation).