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08. février 2022

Biogaz

Fumier et lisier : un grand potentiel inexploité

Fumiers et lisiers ne sont guère valorisés en Suisse, alors que leur méthanisation pourrait contribuer à remplacer les combustibles fossiles, et rendre l’agriculture plus respectueuse du climat. Une publication de chercheurs en énergie, en autres au WSL et au PSI, pourrait guider autorités et praticiens pour mieux utiliser cette précieuse ressource.

Certes, ils ne sentent pas la rose, mais les excréments et les urines des vaches en stabulation sont des matières premières précieuses. Les agriculteurs les utilisent généralement comme engrais, mais cela peut poser des problèmes. En de nombreux endroits, ils libèrent trop de nutriments dans l’air et les eaux, surfertilisant les écosystèmes et menaçant ainsi la biodiversité. Dans certaines régions, notamment en Suisse orientale, on produit en outre beaucoup plus de fumier qu’il n’y a de superficie à fertiliser. Parfois même, on l’exporte. «Mais les quantités employées à des fins énergétiques sont minimes», commente Vanessa Burg de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL.

Énergie et protection du climat

Actuellement, pour 40 000 agriculteurs en Suisse, on ne dénombre que 110 installations de fermentation de déjections animales. Elles fournissent au total 1440 térajoules d’énergie sous forme de méthane, soit environ 1,2 % de la consommation de gaz du pays. Le potentiel est encore extrêmement important, concluent les auteurs. Il serait possible de produire 27 000 térajoules de manière durable. Et ce chiffre tient déjà compte du fait que tout le fumier ne peut pas être utilisé, par exemple lorsque les vaches sont au pâturage.

«Le biogaz est très polyvalent», explique Vanessa Burg, spécialiste des sources de bioénergie durables au WSL. «Il permet non seulement de faire rouler des voitures ou des tracteurs, mais aussi de produire de la chaleur et de l’électricité; il peut en outre être stocké et utilisé lorsque le vent et le soleil font défaut, par exemple la nuit et en hiver.»

Trop peu d’incitations

Si le fumier et le lisier sont de véritables produits miracles, pourquoi ne pas faire fermenter toute la production suisse ? Simplement parce qu’il existe des obstacles économiques. L’un d’entre eux est la décentralisation des sources dans toute la Suisse, ce qui entraîne des transports: c’est sur le Plateau que l’on trouve le plus de fumier – les cantons de Berne, Lucerne et Saint-Gall étant en tête. Une enquête menée auprès des agriculteurs a révélé que nombre d’entre eux sont certes favorables à la production d’énergie à partir de fumier, mais que les investissements initiaux sont élevés, les prix de l’énergie trop bas, et la logistique compliquée pour exploiter une installation. Aujourd’hui, les plus petites installations nécessitent le fumier d’environ 80 vaches, alors qu’une exploitation moyenne n'en compte que 27. Cependant, les agriculteurs ont tendance à rejeter les installations mutualisées.

Par ailleurs, les personnes interrogées mentionnent que les procédures d’autorisation sont généralement très longues. De plus, les subventions et les suppléments de prix, tels que l’actuelle rétribution de l’injection, concernent souvent uniquement l’électricité et non la production de gaz. «Celui-ci est régulièrement oublié dans les discussions sur la transition énergétique», explique Vanessa Burg. «Il faudrait également promouvoir les sources alternatives».

Production de biogaz à partir d’engrais de ferme en Suisse. Potentiel énergétique, développement technologique et mobilisation des ressources.

L’objectif de ce livre blanc est de fournir aux décideurs, aux administrations et aux parties prenantes les résultats de recherche les plus récents afin de promouvoir l’utilisation optimale de la bioénergie issue des engrais de ferme dans la transition énergétique suisse. À cette fin, les résultats du centre de compétence suisse pour la recherche en bioénergie – SCCER BIOSWEET – sont résumés et présentés dans un contexte plus large. Si rien d’autre n’est mentionné, les résultats se réfèrent à la Suisse et, dans le cas de la matière première, aux potentiels nationaux de biomasse.

Télécharger: Livre blanc

 

Liens:

Le Centre de Compétence Suisse de la Recherche en Bioénergie (SCCER BIOSWEET) est un consortium de partenaires issus du monde universitaire et d'organisations privées ou publiques. Il se concentre sur la recherche et la mise en œuvre de processus de transformation de la biomasse qui ont un niveau élevé de maturité technologique. https://www.sccer-biosweet.ch/fr/

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