Utilisation de biocides contre les espèces envahissantes en forêt

Le DETEC souhaite autoriser, à titre exceptionnel, l'utilisation de biocides dans les forêts pour lutter contre les espèces envahissantes. Le département a lancé cette adaptation par une consultation abrégée. Du point de vue de la protection de l'eau potable, une telle adaptation de l'ORRChim augmente le risque pour le captage d'eau potable.

Fin mars, le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) a lancé une procédure de consultation abrégée. Celle-ci porte sur des adaptations de l'Ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques (ORRChim). Selon le DETEC, afin d'endiguer la propagation rapide du frelon asiatique, il faut permettre cette année encore aux cantons d'accorder, sous certaines conditions, des autorisations exceptionnelles pour l'utilisation de biocides en forêt. Cela devrait permettre de ralentir la propagation de cette espèce exotique envahissante l'année suivante.

Jusqu'à présent, il était interdit d'utiliser des biocides en forêt. L'adaptation doit permettre d'accorder des autorisations exceptionnelles dans «certaines conditions». La création de dérogations suscite des critiques. Le groupement d'intérêt 4aqua a récemment publié sa position à ce sujet. Selon 4aqua, la modification ne menace pas seulement la biodiversité en forêt, mais aussi la qualité de l'eau potable, car de nombreuses zones de protection des eaux souterraines se trouvent en forêt. En outre, la modification permettrait de travailler avec des substances actives qui sont interdites depuis longtemps dans l'agriculture ou qui n'ont même jamais été autorisées. La tentative d'endiguer les espèces invasives avec des biocides hautement toxiques ne serait qu'une charge inutile pour les eaux et la nature.

Le risque insuffisamment clarifié par le DETEC

Selon 4aqua, l'analyse d'impact de la réglementation (AIR) prescrite par la loi pour le projet n'a pas été réalisée, ce qui n'est pas négligeable : Une évaluation des risques pour l'environnement, la biodiversité, l'eau potable et la santé fait donc complètement défaut. Si la révision de l'ORRChim devait être poursuivie, l'utilisation de biocides en forêt devrait être limitée aux cas où les néobiotes envahissants n'apparaissent que ponctuellement et peuvent être éradiqués avec une grande probabilité. La position de SVGW est claire du point de vue de la protection de l'eau potable : l'utilisation, même limitée, de biocides en forêt augmente les risques pour la production d'eau potable. La protection des zones d'alimentation des captages d'eau potable est donc pour SVGW une priorité absolue, y compris en forêt. Dans sa prise de position sur le projet, SVGW demande donc que les biocides en forêt ne soient pas utilisés dans les zones d'alimentation des captages d'eau potable. Avant d'examiner une autorisation, les zones d'alimentation des captages en forêt doivent être désignées.