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22. avril 2021

Entretien avec Markus Küng

«Protéger les ressources, une tâche essentielle de la SSIGE»

Markus Küng est responsable réseaux chez IWB et assure la présidence du comité de la SSIGE. Il connaît parfaitement les enjeux en matière de captage et de distribution d’eau potable. Dans le contexte de la situation actuelle et la perspective de la votation du 13 juin 2021, nous nous intéressons au positionnement de la SSIGE sur l’initiative relative à l’eau potable et à l’engagement de l’association pour la protection des ressources.
Christos Bräunle 

Le comité de la SSIGE a approuvé récemment une prise de position sur les initiatives pour une eau potable propre et sur les pesticides, mais personne ne s’exprime en faveur de l’initiative pour une eau potable propre. Pourquoi la SSIGE ne la soutient-elle pas activement?

La SSIGE n’est pas une organisation politique ni une organisation environnementale. En tant qu’association professionnelle, elle s’engage pour la protection durable des ressources en eau potable en Suisse.

«Il s’agit là, effectivement, d’une tâche essentielle de la SSIGE. C’est pourquoi, nous saluons l’objectif de l’initiative qui vise à réduire l’utilisation des pesticides dans l’agriculture.»

Mais, pour rester crédibles, nous ne devons nous exprimer que sur des thèmes directement pertinents pour l’eau potable et pour lesquels nous sommes compétents. L’initiative aborde principalement des domaines politiques dépassant largement celui de la qualité de l’eau, comme la politique agricole, l’importation de denrées alimentaires, la sécurité de l’alimentation, les relations commerciales, les contributions d’incitation ou la biodiversité. En réalité, certains aspects qui ne comptent pas dans les compétences de la SSIGE et ne concernent pas directement les intérêts des distributeurs d’eau sont prioritaires.

«Mais il est tout de même étonnant que la SSIGE ne se prononce pas sur une initiative qui porte le terme «eau potable» dans son intitulé?»

A première vue, il aurait effectivement pu être séduisant pour la SSIGE de se prononcer en faveur du OUI. Et le comité de la SSIGE comprend parfaitement que de nombreux membres de l’association auraient souhaité un tel positionnement et soient eux-mêmes en faveur de l’initiative. Mais les exigences concrètes de celle-ci ne sont qu’indirectement corrélées avec l’eau potable. Le terme d’eau potable n’apparaît qu’une seule fois dans les ajustements légaux réclamés par le texte de l’initiative. Il s’agit bien plus de la transformation de l’agriculture.

Dans ce contexte, l’initiative mise sur un système d’incitations et envisage les paiements directs en fonction de la renonciation à l’utilisation des pesticides. En tant qu’association professionnelle pour le secteur de l’eau, la SSIGE n’a aucune expertise pour évaluer les instruments de la politique agricole. Ce ne serait pas crédible que la SSIGE s’exprime sur un thème pour lequel elle ne possède ni les connaissances ni les experts. Nous ne nous faisons pas entendre non plus lorsqu’il s’agit de politique des transports ou de commerce extérieur, bien que ces deux sujets aient des conséquences sur l’environnement et donc sur la protection des ressources. Nous nous engageons bien plus dans les domaines où nous pouvons, en tant qu’association professionnelle, apporter nos connaissances. Ceci a contribué à la grande crédibilité dont jouit l’association auprès de la population, des autorités et des acteurs politiques.

Pour la SSIGE, comment devrait-on mieux protéger l’eau potable?

La SSIGE estime que, pour protéger durablement les ressources en eau potable, il faudrait régler l’autorisation et l’utilisation de pesticides de manière contraignante et concrète. Un pesticide ne devrait être autorisé que si les valeurs maximales des principes actifs et de leurs produits de décomposition ne sont pas dépassées dans les ressources d’eau potable. De plus, la conservation et l’application des réglementation dans les zones de protection et l’établissement contraignante des zones de protection provisoires ou pas encore définies devraient être garantis. La définition des aires d’alimentation dans lesquelles l’utilisation des pesticides doit être interdite ou autorisée seulement à certaines conditions est tout aussi importante pour la protection préventive des ressources. Dans les faits, l’initiative pour une eau potable propre a déjà contribué à d’importantes améliorations en matière de protection des ressources.

 

Quelles améliorations ont pu être réalisées?

Ces dernières années, la SSIGE s’est engagée énergiquement pour le renforcement de la protection des ressources en eau potable. La société s’est entretenue avec des conseillers fédéraux et des parlementaires, a fourni un travail de persuasion intense au sein des commissions et a élaboré des documents de prise de position et des informations techniques. Les initiatives ont contribué au positionnement du thème de la protection des ressources en priorité dans l’agenda politique. Lors de la dernière session, une initiative parlementaire menant à des ajustements légaux concrets a été approuvée. Désormais, les dépassements de valeurs limite dans les eaux souterraines et celui des valeurs écotoxicologiques limites pour les eaux de surface déclencheront des mesures en matière d’autorisation de pesticides. L’eau potable fait l’objet d’une protection particulière: seuls les produits phytosanitaires n’entraînant pas des concentrations de principes actifs et de leurs produits de décomposition supérieures à 0,1 microgramme par litre peuvent encore être utilisés dans les aires d’alimentation des captages d’eau potable. 

«La SSIGE a particulièrement œuvré pour que les exigences relatives aux eaux souterraines s'appliquent à la fois aux métabolites «pertinents» et «non pertinents».»

La valeur limite de 0,1 microgramme par litre dans les eaux souterraines s'applique désormais explicitement à tous les pesticides et à tous les produits de dégradation, et les dépassements déclenchent des mesures. Il s’agit là d’une nette amélioration par rapport à la législation actuelle, qui nous aidera beaucoup à ne plus être confrontés à l’avenir à une situation telle que nous la vivons actuellement avec la concentration de chlorothalonil dans les ressources d’eau potable.

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