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15. septembre 2017

Réduction de l'exposition aux pesticides

Le VSA demande des mesures pour réduire l'exposition aux pesticides

Les petits cours d’eau sont exposés à un cocktail de plus de 100 pesticides. Une étude portant sur cinq ruisseaux suisses révèle que dans aucun des cas, les exigences légales relatives à la qualité de l’eau n’ont été respectées. L’ébauche du «Plan d’action national sur les produits phytosanitaires» présente des mesures visant à améliorer la qualité de l’eau. Selon le VSA, celui-ci va certes dans la bonne direction. Mais il ne répond pas au besoin urgent de renverser la tendance en ce qui concerne l’utilisation des pesticides. Le VSA demande la généralisation d’une production agricole écologique qui protège de manière optimale les ressources en eau potable.
Stefan Hasler 

45 000 kilomètres de cours d’eau, soit les trois quarts du réseau hydrographique des cours d’eau suisses, sont considérés comme ruisseaux et petits ruisseaux. Jusqu’ici, la qualité de leurs eaux était peu connue en raison de l’absence de points de mesure. Sur mandat de l’OFEV, l’Eawag et le Centre Ecotox, conjointement avec le VSA et les cantons concernés, ont analysé de plus près cinq ruisseaux dont les bassins versants sont marqués par la présence d’activités agricoles.
Les résultats sont impressionnants: des résidus de 128 pesticides différents ont été identifiés. Dans 80% des échantillons, l’exigence de l’ordonnance sur la protection des eaux (≤ 0,1 μg/l) n’était pas respectée – et ce, pour deux ruisseaux, tout au long quasiment des six mois qu’a duré l’étude. Certaines substances affichent des concentrations allant jusqu’à 40 μg/l. Dans quatre ruisseaux, les valeurs limites à partir desquelles le mélange de pesticides constitue un risque élevé de toxicité aigüe pour les organismes sensibles ont été dépassées. Dans l’un de ces ruisseaux, les gammares exposés à ces substances affichent des taux de mortalité élevés et un comportement léthargique.
L’extension de certaines stations d’épuration permet de réduire à 50% la part de micropolluants à la sortie de ces dernières. Le VSA est fermement convaincu qu’il est aujourd’hui indispensable de parvenir également à une réduction importante de la contamination diffuse des eaux due aux résidus de pesticides. Le «plan d’action visant à la réduction des risques et à l’utilisation durable des produits phytosanitaires», en cours d’élaboration sous l’égide de l’Office fédéral de l’agriculture, constitue un pas important en ce sens.
Le VSA se félicite de l’envergure des mesures proposées dans le NAP. Les objectifs ne sont toutefois pas suffisamment ambitieux. Le NAP accepte par exemple explicitement que les exigences relatives à la qualité de l’eau ne soient pas non plus respectées à l’avenir. Ceci est inacceptable. Par ailleurs, nos ressources en eau potable ne sont pas suffisamment protégées.
Une vision courageuse s’impose donc. L’agriculture suisse doit se positionner clairement et assumer un rôle pionnier avec de hautes exigences en matière de qualité. Par conséquent, selon le VSA, le NAP doit être complété par les mesures suivantes:
– Protéger l’eau potable en priorité: l’OFAG doit définir dans le NAP des objectifs et des mesures spécifiques visant à protéger l’eau potable, par exemple en interdisant les pesticides dans les zones de protection des eaux souterraines.
– Renforcer les prescriptions des PER: bien qu’aujourd’hui près de 98% des surfaces soient exploitées conformément aux prescriptions des «Prestations écologiques requises» (PER), l’agriculture est à l’origine de divers problèmes environnementaux. Afin que ces prescriptions fassent honneur à leur nom, il convient de les renforcer.
– Adapter les paiements directs: les paiements directs doivent inciter clairement à renforcer l’agriculture extensive (en particulier dans les zones drainées).
– Promouvoir l’agriculture biologique: une extension des surfaces consacrées aux cultures biologiques contribuerait de manière sensible à la réalisation des objectifs de réduction.
– Promouvoir des mesures innovantes: les robots guidés par GPS et opto-guidés permettent d’utiliser vingt fois moins de pesticides, car ils pulvérisent ceux-ci au centimètre près (uniquement sur les mauvaises herbes) et non pas sur de vastes surfaces. Il faut absolument promouvoir ce type d’innovation.
– Introduire une taxe d’incitation sur les PPS: une taxe d’incitation sur les PPS devrait permettre l’utilisation de pesticides uniquement lorsque d’autres méthodes, aujourd’hui souvent plus onéreuses, ont échoué.
– Bien conseiller les agriculteurs: conseiller les agriculteurs indépendamment de la vente de pesticides est fondamental. Pour ce faire, il convient d’établir une distinction claire entre vente, contrôle et conseil.
– Externaliser les procédures d’autorisation vers une instance indépendante: les pesées d’intérêts sont effectuées aujourd’hui à huis clos; aucun contrôle par des instances de recours n’est possible. À l’avenir, la procédure d’autorisation doit impérativement – à l’instar de Swissmedic pour la mise sur le marché de médicaments – être prise en charge par une instance indépendant de l’OFAG.

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