Plateforme pour l’eau, le gaz et la chaleur
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13. juin 2025

Plateforme «â€ŻTechniques de traitement des micropolluants »

Comment les eaux industrielles sont-elles traitées en termes de micropolluants ?

Les entreprises industrielles et artisanales sont une source importante de micropolluants dans les milieux récepteurs. La sensibilisation croissante à ces substances fait naître certaines incertitudes parmi les secteurs et entreprises. Quelles substances sont contenues dans les eaux usées et quels risques représentent-elles ? Quelles mesures sont éventuellement nécessaires ? La plateforme veut combler ses lacunes en y répondant avec les personnes concernées, et lancer des projets dans ce domaine.
Pascal Wunderlin 

Il y a quelques années, nous nous préparions à recueillir plus d’informations sur la situation actuelle concernant les micropolluants dans les eaux industrielles et réalisions une analyse de la situation sur le territoire suisse. À cette occasion, nous avons pu constater qu’on savait très peu à ce sujet. Mais depuis, les choses ont changé. 

Les micropolluants, un défi pour l’industrie et l’artisanat 

Ces dernières années, les micropolluants provenant de l’industrie et de l’artisanat ont alerté de plus en plus l’opinion publique, la politique et les autorités exécutives et ce, pour de multiples raisons : d’une part, les exigences concernant le développement durable et l’information ne cessent de croître. Concrètement, les entreprises doivent davantage se plier aux attentes de leur clientèle et assurer une grande transparence sur les substances utilisées tout au long de la chaîne d’approvisionnement. D’autre part, les progrès continus dans les techniques de mesure permettent une évaluation toujours plus précise des micropolluants dans les eaux usées et les milieux récepteurs. À cela s’ajoute l’objectif de réduction de la Commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR) qui vise une réduction de 30 % de la charge de micropolluants d’ici 2040 – un objectif qui concerne aussi l’industrie et l’artisanat suisses (voir encadré). Enfin, les pollutions, notamment aux PFAS, attirent l’attention des médias et de la politique. 

Objectif de réduction de la CIPR 
La Commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR) poursuit l’objectif de réduire, d’ici 2040, les apports de polluants dans le Rhin à hauteur d’au moins 30 % par rapport aux années 2016/18. Sont visés les apports de polluants provenant des ménages, de l’agriculture ainsi que des entreprises industrielles et artisanales. La CIPR contrôle en permanence les progrès en effectuant des mesures dans le Rhin. En raison de la multitude de produits chimiques utilisées par l’industrie, la surveillance par substance est limitée. C’est pourquoi le groupe Industrie de la CIPR se concentre également sur les mesures prises par l’industrie pour réduire les émissions de substances dans les milieux récepteurs (y compris dans le Rhin). Ces mesures comprennent par exemple le passage à une production sans eaux usées ou l’installation d’une installation de prétraitement des eaux usées. 

Coopération de l’ensemble des actrices et acteurs 
L’analyse de la situation en Suisse en 2022, précédemment citée priorisait les secteurs pouvant constituer une source de micropolluants dans les milieux récepteurs et identifiait les connaissances manquantes. Lui ont succédé divers projets qui ont comblé les lacunes, fourni des aides pratiques et continué à promouvoir la sensibilisation sur le terrain. Le secteur du traitement électrolytique des métaux, par exemple, a créé un groupe de travail « Micropolluants ». Ces coopérations constructives sont essentielles étant donné que la complexité de la problématique des micropolluants requiert une étroite collaboration de l’ensemble des actrices et acteurs. 

Nouvelle procédure d’analyse des eaux industrielles 

Les projets dans le domaine industriel et artisanal poursuivent l’objectif d’analyser et d’évaluer les eaux des entreprises en matière de micropolluants pour constater la capacité des technologies à retenir ces substances. À cette fin, nous avons développé une procédure inédite, en étroite collaboration avec l’Eawag et la FHNW : au cours de la première étape, nous avons établi, avec des spécialistes du secteur, une liste des processus générant des eaux usées. À partir de là, nous avons dressé la liste des composants des produits utilisés dans ces processus, en collaboration avec des fabricants de produits tels que nettoyants et désinfectants. Nous avons ensuite classé ces substances – en se basant entre autres sur leur biodégradabilité et leur (éco)toxicité – au moyen d’un concept d’évaluation que nous avons nous-mêmes élaboré. Nous avons alors priorisé les processus pertinents, répandus en Suisse que nous avons examiné dans le cadre d’une campagne de mesure. Ce type de campagnes de mesure est primordial car les résultats rendent cette thématique abstraite plus concrète et sensibilisent les entreprises et les secteurs. 

Projet pilote concernant les micropolluants dans les établissements de santé 

Les eaux usées provenant d’établissements de santé, tels que les hôpitaux, sont considérées, elles aussi, comme des eaux industrielles selon l’ordonnance sur la protection des eaux. Outre des médicaments, ces eaux usées contiennent d’autres micropolluants, tels que nettoyants et désinfectants, mais aussi des germes (multi)résistants. Ces germes constituent un risque majeur pour la santé et ne doivent donc pas être rejetés dans l’environnement. 

Grâce au standard d’aménagement plus élevé, les stations d’épuration retiennent de mieux en mieux les germes (multi)résistants et les antibiotiques – d’ici 2040, près de 80 % des hôpitaux suisses seront raccordés à une station d’épuration (STEP) possédant une étape pour l’élimination des micropolluants (étape MP). Il devrait donc être possible de ne pas déverser d’eaux usées d’établissements de santé dans les milieux récepteurs via des déversements d’eaux mixtes. Pour y parvenir, il est nécessaire de renforcer les mesures concernant la gestion des eaux usées dans les hôpitaux. De plus, une optimisation de la gestion des réseaux d’assainissement permet d’améliorer la situation. Le CC Industrie et artisanat élabore actuellement, avec la participation de la plateforme, un guide et un aide-mémoire intercantonal pour la protection des eaux dans les établissements de santé. 

Les agents de contraste constituent une catégorie spécifique des médicaments. Les STEP – notamment celles avec étape MP – ne réussissent pas suffisamment à les éliminer. Ces agents parviennent donc en grandes quantités dans les milieux récepteurs. En 2022, la charge annuelle d’agents de contraste iodés pour usage radiologique déversés dans le Rhin au niveau de Bâle était de 11 tonnes. Des mesures supplémentaires à la source sont nécessaires pour débarrasser les milieux récepteurs de ces substances persistantes. Les sachets de récupération d’urine empêchant l’urine et les agents de contraste qu’elles contiennent d’être déversés dans les eaux usées pourraient constituer une solution. La plateforme lance actuellement un projet pilote correspondant. 

Autres activités de la plateforme 

Entretemps, plus de 30 STEP suisses exploitent une étape MP. Les expériences pratiques et les connaissances acquises ne cessent d’augmenter. Notre plateforme les recueille en permanence et les évalue de manière systématique. L’objectif est de favoriser la poursuite de cette pratique, notamment pour les STEP dont l’aménagement est prévu. Mais une autre activité est tout aussi essentielle : la surveillance du rendement d’épuration des STEP pour documenter la réussite des étapes MP pour la protection des eaux. À cette fin, nous mettons en place actuellement une base de données suisse avec les données des mesures des micropolluants dans les arrivées et sorties des STEP. Pour étendre le volume de données, nous participons à un projet de l’Eawag financé par l’OFEV qui examine l’effet à large spectre des étapes MP sur plus de 500 substances. 

La motion 20.4262 a attiré également l’attention sur les STEP comprenant moins de 10 000 personnes raccordées. Les techniques de traitement pour les petites STEP feront évoluer la mise en œuvre. Car ces procédés doivent non seulement être simples à exploiter mais présenter également une grande stabilité opérationnelle. Nous accompagnons et coordonnons ce processus – en étroite collaboration avec la recherche ainsi que d’autres actrices et acteurs concerné·e·s. 

L’élimination de l’azote dans les STEP a gagné en importance depuis la motion 20.4261. Nous nous intéressons donc de manière approfondie à cette thématique et sommes impliqués dans différentes activités. Au cours du second semestre, nous publierons un recueil d’exemples de STEP qui présentent dès aujourd’hui une forte élimination de l’azote. 

Nous nous réjouissons donc des mois à venir et avons hâte de poursuivre notre collaboration fructueuse avec vous ! 

👉 Contact 
Vous avez des questions sur des sujets spécifiques ? 
N’hésitez pas à consulter le site Web de Micropoll ou à nous contacter directement : pascal.wunderlin@vsa.ch, tél. 058 765 50 37 

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