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23. novembre 2021

Blackout électrique

Conséquences pour la distribution et le traitement de l’eau

L’approvisionnement d’eau potable et le traitement des eaux usées sont dépendants de l’énergie électrique. Jusqu’à ce jour, une pénurie n’a jamais été à l’ordre du jour, mais cela pourrait changer dans le futur. Les professionnels de la distribution et de la protection des eaux doivent-t-ils s’en inquiéter ?
Samy Bucher 

Environ un million de mètres cubes d’eau potable est distribué en Suisse chaque année. Cela représente envi-ron 162 litres d’eau potable par habi-tant par jour. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental et doit bé-néficier d’une priorité élevée en cas de crise. Les impacts liés au dysfonc-tionnement des stations d’épuration peuvent également être très consé-quents en cas de pénurie d’électricité.

Consommation des com-munes suisses

Les communes suisses utilisent environ 1,8 TWh d’électricité pour fonction-ner. Cette consommation représente environ 3,2% de la consommation nationale. L’Eawag (Institut Fédéral Suisse des Sciences et Technologies de l’Eau) a estimé qu’environ un tiers de la consommation d’une municipa-lité concerne le secteur de l’eau: 23% de la consommation municipale est due à la fourniture d’eau potable à ses habitants tandis que 14% de la consommation est dédiée au traite-ment des eaux usées en moyenne. La fourniture d’eau potable et le traite-ment des eaux usées sont donc liés étroitement à la fourniture d’élec-tricité. Jusqu’à aujourd’hui, l’accès à de l’énergie en quantité et en qualité suffisante n’a pas été une menace pour la fourniture d’eau potable et le traitement des eaux usées. Les risques d’ordre sanitaires et de protection de l’environnement sont depuis toujours pris au sérieus tandis que l’éventuali-té d’une pénurie énergétique n’a pas encore été à l’ordre du jour. Le sys-tème actuel n’est pas prêt à réagir en cas de blackout: des expériences en montrent ses limites dès le 2ème jour de crise (voir Reflets 01/2020).


Comment l’approvision-nement en électricité de la Suisse est-il assuré?

Actuellement, l’approvisionnement en électricité est assuré en Suisse. La production indigène est basée prin-cipalement sur l’énergie hydraulique (55%) et l’énergie nucléaire (36%). Les perspectives énergétiques 2050 prévoient de remplacer l’énergie nu-cléaire et fossile par de l’énergie re-nouvelable. La situation peut devenir problématique en hiver car les cen-trales hydrauliques fonctionnent au ralenti à cause des précipitations plus faibles (neige) tandis que la produc-tion photovoltaïque est nettement inférieure en hiver qu’en été. Les stra-tégies de l’Office fédérale de l’énergie (OFEN) comptent sur de fortes im-portations d’énergie pour compenser le manque de production indigène. La Suisse bénéficie aujourd’hui d’accords avec ses voisins pour importer suffi-samment d’électricité pour assurer un service de qualité et de quantité. Mal-heureusement ces accords vont être échus prochainement et la situation pourrait devenir critique si rien ne change car la Suisse ne sera plus prise en compte dans la stratégie électrique de l’Union Européenne (UE). En effet, l’accord sur l’électricité, préparé de-puis 2007, a été gelé car l’UE le lie à l’accord institutionnel. 

Mieux vaut prévenir que guérir

L’OFEN a préparé 3 scénarios de crise qui définissent une situation où la production hivernale est plus faible. En fonction d’un statuquo ou d’un ac-cord avec les entreprises électriques voisines, la Suisse risquerait une pé-nurie d’électricité et une sécurité opé-rationnelle (stabilité) mise en danger en cas de situation extrême. Concrè-tement, la situation du premier scé-nario (sans accord ni avec l’UE ni avec les entreprises électriques des pays voisins) met en danger la quantité et la sécurité de l’approvisionnement en électricité et fait peser un risque sur la distribution et le traitement de l’eau. Heureusement, le débat a été lancé et de nouvelles lois sont en consulta-tion (p.ex rémunération du stockage de l’énergie en hiver) et certaines mesures ont déjà été prises (p.ex. simplifier les procédure pour les structure prioritaires). De nouvelles stratégies sont étudiées à l’OFEN (p.ex. mini-centrales de couplage chaleur-force, etc).

La catastrophe annoncée sera donc probablement évitée mais il faut maintenant se poser la question de la sécurité de la fourniture de l’eau potable et le traitement des eaux usées en cas de crise énergétique. En cas de pénurie, la Confédération a chargé l’Association des entreprises électriques suisses (AES) de préparer une stratégie de crise. Il est donc né-cessaire pour les professionnels de la distribution et de la protection des eaux de prendre connaissance des répercussions des différentes mesures prévues.

Nous devrons toujours et encore ĂŞtre innovants

Quelles que soient les solutions rete-nues, on constate que l’eau et l’éner-gie sont étroitement liées : des solu-tions innovantes pour limiter notre consommation électrique et assurer en tout temps un approvisionnement en eau et une épuration adéquate sont indispensables. Nous devons être innovants pour assurer un ave-nir serein dans l’exploitation de nos infrastructures!

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