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Article technique
22. juin 2018

175 ans d'approvisionnement gazier en Suisse

Depuis l'époque de Gotthelf

En 1843, Jérémias Gotthelf publiait «l’argent et l’esprit». La même année marquait le début de l’approvisionnement en gaz de la Suisse, du gaz de ville produit pour l’essentiel à partir de charbon. Un vecteur énergétique universel qui apportera plus de confort et de sécurité dans les ménages. Ce sont également des raisons économiques qui seront à l’origine de l’essor du gaz de ville et, à partir des années 1970, du gaz naturel. L’approvisionnement gazier a soutenu et encouragé ce développement, du gaz de ville au gaz naturel, puis au biogaz
Hubert Palla 

Il suffit, pour comprendre le boom du gaz de ville au début du 20e siècle, d’un coup d’oeil aux cuisines et aux salles de bain de l’époque: la chaleur était surtout produite à partir de charbon, voire de bois dans les campagnes. Le stockage du combustible et le chargement des fours et des foyers étaient fastidieux et pas question de songer à un réglage des appareils en fonction des besoins. Le chauffe-eau au-dessus de la baignoire, avec sa veilleuse – quasiment un fonctionnement en Stand-by – représentera un énorme progrès dans l’approvisionnement en énergie. Le Symbole du confort et de la sécurité! Les fours à charbon étaient en effet assez dangereux en raison des risques de refoulement des fumées.

En 1826, soit 17 ans avant que le gaz ne soit produit en Suisse, James Sharp, de Northampton, Angleterre, fit breveter sa gazinière. Les fourneaux à gaz connurent une diffusion considérable en Suisse au 19e et 20e siècles. Robert Wilhelm Bunsen inventa le premier chauffage à gaz en 1855 – selon le principe du brûleur Bunsen cela va de soi. Il faudra
encore attendre près de 70 ans avant que n’apparaisse le chauffage central: en 1924, le fabricant allemand Vaillant développa la première chaudière à gaz conçue spécialement à cette fin. L’ère du gaz commence avec l’utilisation du gaz provenant du charbon pour produire de la lumière, de l’eau chaude et de la chaleur pour cuisiner. Les premières lampes à gaz furent installées en 1807 dans la rue Pall Mall, à Londres, soit 20 ans avant la première gazinière. Les chauffe-eau alimentés au gaz destiné à la production d’eau chaude se répandront également dans les années 1920.

Toaster et réfrigérer avec le gaz de ville
Ce ne sont pas seulement les cuisinières, mais aussi les toasteurs, les boilers et les lampes qui utilisent le gaz de ville. Les réfrigérateurs produisent du froid à partir du gaz de ville, selon le principe d’absorption, et même une station radio diffuse à l’aide du gaz. Le vaste éventail d’applications se voit confirmé par l’industrie, le commerce et de nombreux habitants: le gaz est un agent énergétique universel particulièrement performant.
Les prix du charbon fluctuent, parfois fortement. Durant les années de la guerre 1914/1918, son prix grimpa d’un facteur 4. Les grèves dans les mines anglaises entre les deux guerres mondiales provoquèrent des effets analogues. Cette volatilité représente un énorme défi pour les usines à gaz, car les hausses de prix ne peuvent être que très peu répercutées sur les consommateurs.

ouverture de session

Le symbole d’une nouvelle époque
Les services publics produisent leur gaz de ville dans des fourneaux à gazéification où le charbon – sans afflux d’air – se consume pendant plusieurs heures. Le gaz ainsi produit est ensuite filtré et purifié avant d’être stocké. Ces réservoirs à basse pression contiennent des dizaines de milliers de mètres cubes de gaz de ville et restent gravés dans la mémoire des populations. Outre le gaz de ville, il y avait aussi du coke, du goudron et du souffre. Dans les premières années du 20e siècle, près de cent usines produisaient du gaz de ville.
En 1955, 600 000 clients utilisaient du gaz de ville, essentiellement des ménages privés qui s’en servaient pour cuisiner et produire de l’eau chaude.
A partir des années 1950, d’autres agents énergétiques sont utilisés en Raison du manque de charbon bon marché, à savoir la benzine légère, le pétrole, le butane, le propane, etc.
A partir de 1969, l’approvisionnement en gaz passe progressivement au gaz naturel, lequel provient principalement des Pays-Bas, de France et d’Allemagne. La construction, en 1974, du gazoduc à travers la Suisse – de la région bâloise jusqu’au col de Gries – permit la Diffusion de ce combustible écologique qu’est le gaz naturel. Il faudra encore quelques décennies jusqu’à ce que le dernier fourneau à gazéification ferme ses portes.
En 1843, la ville de Berne met en Service son usine à gaz, qui sera la première installation de ce type en Suisse. Le centre culturel «Gaskessel» qui a pris sa place aujourd’hui rappelle cette époque. L’usine bâloise suit en 1852 puis, 44 ans plus tard, celle de Lausanne (aujourd’hui les Services industriels de Lausanne (SIL). Ce n’est qu’en 1897 qu’est mise en Service à Schlieren l’usine à gaz zurichoise. Ce sont au total pas moins d’une centaine d’installations de ce type qui seront construites dans le pays.
En 1860 déjà, Etienne Lenoir fait breveter le premier moteur à gaz au monde. Il faudra toutefois encore attendre des décennies avant que cette «force tirée du gaz» devienne une véritable «mobilité au gaz». La première station de distribution de gaz sera mise en service en 1935.

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